Contexte : L’après-carrière des sportifs de haut niveau est souvent étudiée dans une perspective de reconversion professionnelle, de crise identitaire ou encore de période entravée par la résurgence ou l’apparition de blessures physiques. Mais la question du rapport au corps des ex-sportifs (leurs représentations et pratiques dans des domaines tels que l’apparence, l’alimentation, les activités physiques ou la santé) n’a été que peu étudiée, les recherches demeurant davantage focalisées sur les sportifs en devenir ou en activité. En étudiant le rapport au corps des ex-sportifs de haut niveau dans une perspective de sociologie dispositionnaliste, cette recherche entend contribuer à une meilleure connaissance des effets à long terme de la socialisation sportive. Objectifs de recherche : En cohérence avec une sociologie dispositionnaliste, la recherche poursuit deux objectifs 1) identifier les différents types de rapports au corps (compris comme ensembles de dispositions d’action, de perception et d’évaluation relatives au corps) observables parmi les ex-sportifs de haut niveau 2) comprendre les principes qui président à la variation des différents rapports au corps identifiés. Population et méthode : Notre équipe a déjà mené une recherche exploratoire. Basée sur 30 entretiens avec des ex-sportifs, celle-ci a permis de préciser nos hypothèses, de définir les contours de notre population et d’affiner notre méthodologie. La présente requête a pour objet le projet en lui-même, fondé sur un design séquentiel explicatif de méthodes mixtes. Dans un premier temps, nous procéderons à un sondage à l’échelle nationale auprès de 1000 ex-sportifs de niveau national et international issus de 11 disciplines sportives. Dans un second temps, nous mènerons 55 entretiens (5 par discipline) auprès d’ex-sportifs sélectionnés sur la base de leurs réponses au questionnaire et résidant en Suisse romande. Portée du travail : Les résultats permettront de déterminer la prégnance, à long terme, de la socialisation primaire (de classe, de genre et de génération notamment) sur les pratiques et représentations corporelles des individus dans le cadre de trajectoires marquées par une forte socialisation sportive. La sociologie dispositionnaliste est le plus souvent mobilisée pour éclairer les moments de socialisation intensive sous-tendue par une action institutionnelle. En interrogeant des ex-sportifs des mois, voire des années après l’arrêt de leur carrière, ce projet apportera des connaissances nouvelles relatives aux conditions sous lesquelles des dispositions se perpétuent (ou non) lorsque disparaissent les conditions de leur acquisition. En éclairant la manière dont la socialisation sportive se combine avec les appartenances de classe, de genre et de génération pour produire des effets à long terme sur les usages et les représentations du corps, ce projet permettra aussi d’anticiper les possibles conséquences de la polarisation des pratiques sportives en Suisse (qui voit se constituer un socle de personnes sédentaires d’un côté, et un socle de personnes très sportives de l’autre). Les connaissances produites pourront être mobilisées pour guider les politiques de santé et pour améliorer l’encadrement des sportifs au sein des fédérations ainsi que leur accompagnement par les professionnels de santé.
Context: The post-career of high-level athletes is often studied from the perspective of professional reconversion, identity crisis, or a period hampered by the resurgence or appearance of physical injuries. But the question of the relationship to the body of ex-athletes (their representations and practices in areas such as appearance, diet, physical activities or health) has been little studied, with research remaining more focused on aspiring or active athletes. By studying the relationship to the body of former high-level athletes from a dispositional sociology perspective, this research intends to contribute to a better understanding of the long-term effects of sports socialization. Research objectives: Consistent with a dispositional sociology, the research pursues two objectives: 1) to identify the different types of relationships to the body (understood as a set of dispositions of action, perception and evaluation relative to the body) that can be observed among former high-level athletes; and 2) to understand the principles that govern the variation of the different relationships to the body identified. Population and method: Our team has already conducted exploratory research. Based on 30 interviews with ex-athletes, this research allowed us to specify our hypotheses, to define the contours of our population and to refine our methodology. The present request is about the project itself, based on a sequential explanatory design of mixed methods. First, we will conduct a nationwide survey of 1000 national and international ex-athletes from 11 sports. In a second phase, we will conduct 55 interviews (5 per discipline) with ex-athletes selected on the basis of their answers to the questionnaire and living in French-speaking Switzerland. Scope of the work: The results will make it possible to determine the long-term influence of primary socialization (class, gender and generation in particular) on the body practices and representations of individuals within the framework of trajectories marked by strong sports socialization. Dispositional sociology is most often used to shed light on moments of intensive socialization underpinned by institutional action. By interviewing ex-sportsmen months or even years after the end of their careers, this project will provide new knowledge about the conditions under which dispositions are perpetuated (or not) when the conditions of their acquisition disappear. By shedding light on the way in which sports socialization combines with class, gender and generational affiliations to produce long-term effects on the uses and representations of the body, this project will also make it possible to anticipate the possible consequences of the polarization of sports practices in Switzerland (which sees a base of sedentary people on the one hand, and a base of very sporty people on the other). The knowledge produced can be used to guide health policies and to improve the supervision of athletes within federations and their support by health professionals.