A l'heure actuelle, on estime entre 25'000 et 40'000 le nombre de personnes en Suisse qui consomment au moins une fois par semaine de la cocaïne, de l'héroïne ou d'autres opiacés. Celles qui sont en traitement médical sont au nombre de 16'000 environ (2'000 places de désintoxication/sevrage et plus de 14'000 thérapies de substitution à la méthadone). Il est donc probable que la "population cachée" (ne suivant pas de traitement médical et sur laquelle on ne détient que peu d'informations) soit importante. Mais quelle est alors cette "population cachée"? Y a-t-il des différences entre "population cachée" et "population connue" au niveau des caractéristiques socio-démographiques, des substances consommées, des modes et fréquences de consommation, de la santé et des comportements à risque, des circonstances de vie et de la situation sociale en général? La présente étude vise à tester des méthodes pour étudier la "population cachée": - L'objectif principal consiste à élaborer et à mettre en oeuvre plusieurs dispositifs de recrutement de consommateurs d'héroïne et/ou de cocaïne "cachés". Il s'agit essentiellement de recruter des consommateurs sur et en dehors des scènes de la drogue, d'obtenir une variété maximale de types de consommation et de consommateurs, d'effectuer des entretiens face-à-face et de générer des variables quantifiables. - Ensuite on évalue la fiabilité et la validité de ces méthodes de récolte de données et on estime le nombre d'individus qui peuvent être recrutés par ces dispositifs et dans quel laps de temps. - Les consommateurs recrutés sont décrits sur les plans suivants: variables socio-démographiques, modes et fréquences de la consommation, intégration sociale, état de santé, comportements de prévention, pratiques urbaines et environnement social de la consommation, éléments de carrière de la dépendance. Population cachée et population connue sont comparées sur ces dimensions. - Enfin, les possibilités de monitoring de cette "population cachée" sont explorées. Population à l'étude: dans les recherches menées jusqu'alors sur la consommation de drogues dures en Suisse, le recrutement des individus sur lesquels portait l'analyse a eu lieu avant tout dans le cadre de structures de prise en charge ou sur les scènes de la drogue. Mais ce sont des lieux où les personnes consommant de l'héroïne par voie intraveineuse sont particulièrement présentes. Ces méthodes de recrutement excluent systématiquement certains types de consommateurs de drogues, à savoir: - Les non-injecteurs, c'est-à-dire des personnes qui inhalent ("chassent le dragon"), fument ou consomment des drogues dures par voie intranasale ("sniffent"). A en croire des études étrangères, c'est le cas de ceux qui consomment surtout de la cocaïne, des "nouveaux" consommateurs d'héroïne ainsi que d'un grand nombre d'anciens injecteurs qui ont aujourd'hui une consommation plus occasionnelle. - Les consommateurs qui ne sont pas en traitement médical (substitution, sevrage) et qui vivent dans des régions du pays où il n'existe pas de scènes ouvertes de la drogue ni de services à bas seuil d'accessibilité dans le cadre desquels des enquêtes pourraient être menées.
At present, an estimated 25,000 to 40,000 people in Switzerland use cocaine, heroin or other opiates at least once a week. There are about 16,000 people undergoing medical treatment (2,000 in rehab facilities and more than 14,000 in methadone substitution therapies). It is therefore likely that the "hidden population" (not undergoing medical treatment and about which little information is available) is significant. But what is this "hidden population" then? Are there differences between "hidden population" and "known population" in socio-demographic characteristics, substances used, patterns and frequencies of use, health and risk behaviours, circumstances of life and general social situation? This study aims to test methods for studying the "hidden population": - The main objective is to develop and implement several recruitment schemes for "hidden" heroin and/or cocaine users. It is essentially a question of recruiting users on and off the drug scene, obtaining a maximum variety of types of consumption and users, conducting face-to-face interviews and generating quantifiable variables. - The reliability and validity of these data collection methods are then assessed and the number of individuals who can be recruited by these devices and the time frame within which they can be recruited are estimated. - The consumers recruited are described in the following terms: socio-demographic variables, modes and frequencies of consumption, social integration, health status, preventive behaviours, urban practices and social environment of consumption, elements of the evolution of addiction. Hidden population and known population are compared on these dimensions. - Finally, the possibilities of monitoring this "hidden population" are explored. Population under study: In previous research on the use of hard drugs in Switzerland, the recruitment of individuals for the analysis took place primarily in the context of treatment facilities or on drug scenes. But these are places where intravenous heroin users are particularly present. These recruitment methods systematically exclude certain types of drug users, namely: Non-injectors, i.e. people who inhale ("chase the dragon"), smoke or use hard drugs intranasally ("sniff"). According to foreign studies, this is the case for those who mainly use cocaine, "new" heroin users and a large number of former injectors who now use them more occasionally. Consumers who are not under medical treatment (substitution, withdrawal) and who live in regions of the country where there are no open drug scenes or low-threshold services in which investigations could be conducted.