Le premier cas de sida a été décrit en 1981 par le Center for Disease Control (CDC). Très rapidement, les épidémiologistes du CDC à Atlanta ont pu déterminer qu'il s'agissait d'une affection transmise par voie sexuelle ou sanguine. Les campagnes de prévention du sida ont débuté en France en 1986. Entre 1988 et 1989, la distribution des nouveaux cas de sida a été caractérisée par une diminution de la proportion d'homosexuels et bisexuels masculins (de 51,9% à 47,4% des cas) et par une augmentation équivalente de la proportion des toxicomanes (de 19,9% à 22,9%) et des hétérosexuels (de 9,2% à 11,5%). Lors de la remise d'un rapport que lui avait demandé le gouvernement en 1988, Claude Got faisait à juste titre remarquer que, bien que le sida soit une affection dont l'agent causal, le virus de l'immunodéficience humaine (VIH), était transmis de façon très majoritaire par voie sexuelle, très peu d'études avaient été réalisées en France dans le domaine de la sexualité, comme dans la plupart des autres pays du monde d'ailleurs. Dès sa création, l'Agence Nationale de Recherches sur le Sida (ANRS) a donc mis en place un vaste programme de recherches quantitatives et qualitatives visant à mieux connaître et comprendre les comportements sexuels et la prise de risque vis-à-vis des maladies sexuellement transmissibles (MST) en général et du VIH en particulier, de façon à apporter des informations qui soient utiles aussi bien à la prévision de l'évolution de l'épidémie qu'à la prévention de sa diffusion. L'enquête "Analyse des comportements sexuels en France" (ACSF, 1992), menée par un groupe de 25 chercheurs et coordonnée par A. Spira et N. Bajos, est le premier volet de ce programme qui comprend en outre : -l'analyse des comportements sexuels des jeunes (ACSJ, 1994), réalisée sur un échantillon de 6182 adolescents, par une équipe multidisciplinaire de chercheurs, dirigée par H. Lagrange et B. Lhomond ; -l'analyse des comportements sexuels aux Antilles et en Guyane (ACSAG, 1993), réalisée sur un échantillon de 2634 personnes par une équipe dirigée par M. Giraud et A. Gilloire. Par ailleurs, l'enquête ACSF a donné lieu à une répétition sous une forme plus restreinte en 1994, sur un échantillon de 3428 personnes, en parallèle avec la réalisation d'une enquête visant à explorer les connaissances, attitudes et pratiques vis-à-vis du sida. La connaissance des indicateurs de risque et des facteurs de risque est fondamentale pour la mise au point d'une prévention efficace, puisqu'elle permet d'identifier des groupes de la population dans lesquels des actions de prévention doivent être prioritairement engagées. Mais elle n'apporte que peu d'éléments pour enrichir la réflexion sur le contenu des stratégies de prévention. Le but de l'étude n'est bien entendu pas d'analyser les facteurs liés à l'appartenance à l'un ou à l'autre de ces "groupes à risques", mais de tenter de décrire et de comprendre quels sont les comportements effectifs des individus et comment ils gèrent le risque lié à l'exposition à des facteurs de risque de transmission du VIH. Les comportements humains, considérés dans une perspective sociale et psychologique, constituent l'un des éléments déterminant l'état de santé des individus. Néanmoins, la rationalité à l'oeuvre dans nos comportements ou dans leurs modifications ne correspond pas nécessairement à une logique de préservation de la santé. Par exemple, si la connaissance des risques et des moyens de s'y soustraire est un élément important favorisant une attitude préventive, elle n'est pas cependant un élément suffisant. C'est dans ce contexte que, outre la description des pratiques sexuelles sur l'ensemble de la vie ou lors des derniers rapports sexuels, certains axes d'analyse ont été développés dans l'enquête ACSF. Il s'agit en particulier de l'analyse des caractéristiques des partenaires sexuels et des activités qui ont été pratiquées avec eux, des sentiments amoureux et des attitudes vis-à-vis des humeurs corporelles, des dysfonctions sexuelles, des fantasmes et de l'aisance sexuelle. Cette analyse a été complétée par l'étude des réseaux de confidents en matière de sexualité, des représentations sociales relatives à la sexualité en général, des connaissances relatives aux modes de transmission du sida, des aptitudes des individus à la communication verbale à propos de la sexualité, non seulement avec les partenaires sexuels, mais également avec des confidents et avec les parents durant la petite enfance. Enfin, une partie de l'enquête est consacrée à l'analyse des sentiments éprouvés à l'évocation de sa propre mort ainsi qu'aux représentations qu'ont les individus de leurs capacités de maîtriser les événements qui surviennent dans leur vie.
Probabiliste : multi-étapes -Ménages : un tirage au sort a été effectué à partir du fichier des abonnés de France Télécom (listes rouge et orange exclues). Une stratification régionale a permis d'accroître la représentativité géographique de l'échantillon. A l'intérieur du ménage, la personne à interroger était, parmi les personnes âgées de 18 à 69 ans, celle devant fêter son anniversaire le plus tôt après le jour de l'appel. Seuls les domiciles correspondant à des résidences principales et où habitait régulièrement au moins une personne parlant français ont été retenus. -Jeunes résidant en collectivité (foyers de jeunes travailleurs ou résidences universitaires) : sélection aléatoire des résidences suivie d'un tirage au sort des personnes à enquêter dans la liste des résidents de chaque établissement retenu. L'échantillon total comprend 20055 personnes dont 301 vivant en collectivité.Probability.Multistage
Entretien téléphonique : assisté par ordinateur (CATI)Interview.Telephone.CATI