Dans un contexte de changement climatique, la modélisation permet de simuler les évolutions futures du climat et des ressources en eau. La combinaison de plusieurs scénarios d’émissions, modèles climatiques globaux et régionaux et modèles hydrologiques conduit à la création d’ensembles multi-modèles de projections hydroclimatiques. Alors que les projections sont traditionnellement analysées en horizons temporels, de récentes politiques publiques ont adopté une approche basée sur des niveaux de réchauffement global. En France, la TRACC (Trajectoire de Référence pour l’Adaptation au Changement Climatique) définit des cibles de réchauffement global auxquelles la société devra s’adapter au cours du XXIe siècle. Le concept de niveau de réchauffement régional y est introduit, correspondant au réchauffement moyenné à l’échelle de la France. Cette étude évalue l’effet d’une analyse en niveau de réchauffement régional sur les projections hydroclimatiques et sur les incertitudes associées. Le questionnement central de ce travail est: «L’utilisation du niveau de réchauffement régional comme variable explicative des projections hydroclimatiques permet-elle de réduire la plage d’incertitude associée aux projections et, par suite, de communiquer un message plus facile à appréhender par les acteurs ?» L’ensemble de projections hydroclimatiques utilisé dans cette étude provient de la base de données Explore2, qui fournit des projections issues de 36 chaînes climatiques et de 4 modèles hydrologiques pour 1735 stations hydrologiques sur la France métropolitaine. La méthode statistique QUALYPSO est utilisée pour distinguer les tendances à long terme de la variabilité interne du climat, et pour décomposer l’incertitude totale de l’ensemble en incertitudes liées au scénario d’émission et aux modèles. Les analyses sont menées pour un niveau de réchauffement régional de 2°C et pour l’année 2037, sur cinq variables climatiques et trois variables hydrologiques. L’étude met en évidence une réduction générale des incertitudes liées aux modèles dans le cadre de l’analyse par niveau de réchauffement régional. Cet effet est particulièrement marqué en été et pour les températures saisonnières. L’incertitude liée aux scénarios est fortement influencée par l’approche en niveau de réchauffement, avec des différences spatiales contrastées de réduction ou d’augmentation. Les comparaisons réalisées dans cette étude soutiennent l’utilisation du niveau de réchauffement régional comme variable explicative plus pertinente que le temps pour l’analyse des projections hydroclimatiques. Cela est particulièrement vrai pour les variables et saisons fortement liées au réchauffement régional, telles que les températures saisonnières et les précipitations estivales.
