Cet entretien a eu lieu le 29 janvier 2010 à Nikileï (région d'Irkoutsk), Russie. Il a été mené par Emilia Koustova et Larissa Salakhova, avec la participation de Alain Blum qui s'occupait de l'enregistrement. L'entretien a été réalisé en russe et traduit et interprété en français. Il a duré 48 minutes.
BiographieOlga Vidlovska naît en 1920 en Ukraine, à Igrovica, dans la région de Ternopil en Ukraine occidentale. Elle est arrêtée en 1944, car son mari, pour échapper à l’enrôlement dans l’armée russe, a fui dans la forêt, où il a été tué. Elle est alors envoyée en prison avec ces deux tout jeunes enfants. Sa mère et sa sœur l’attendent lorsqu’elle sort de prison pour être conduite dans un train et essaient de prendre ses fils, mais les agents du NKVD les rattrapent, et la traitent de mauvaise mère. Après deux semaines d’attente dans un wagon, puis un trajet de 6 semaines, ils arrivent en Sibérie, et sont conduits dans le village de Zima, puis Saram et enfin Nikilei. Elle travaille dans une exploitation forestière, dans des conditions très dures, puis s’occupe des veaux. Ses conditions de vie s’améliorent progressivement. Lorsqu’on leur annonce leur libération, après la mort de Staline, elle décide de rester en Sibérie. « Si on n’avait pas besoin d’elle en Ukraine lorsqu’elle était jeune, aurait-on besoin d’elle, âgée ? ». Elle revient une fois, en 1957, dans son village natal, où elle est accueillie par son frère et tout le village. Puis elle passe le reste de sa vie à Nikilei, le dernier village où elle s’est installée. Elle se souvient de chansons ukrainiennes qu’elle récite avec plaisir.
BiographyOlga Vidlovska was born in 1920 in Ihrowica (now Ihrovytsya) near Ternopil, situated in Western Ukraine, which at that time belonged to Poland. She was arrested in 1944 because her husband had fled into the forest to avoid conscription into the Russian army and was killed there. She was sent to prison with her two small children. Her mother and sister were waiting for her when she was taken out of the prison to be put on a train, and tried to take her sons, but the NKVD agents caught them and called her a bad mother. After waiting two weeks in a railway wagon and then a six-week journey, they arrived in Siberia and were taken to the village of Zima, then to Saram and finally Nikiley. She worked on a logging site in harsh conditions and then tended calves. Her life gradually got better. When their release was announced after Stalin’s death, she decided to stay in Siberia. “If they didn’t need her in Ukraine when she was young, would they need her when she was old?” She returned once, in 1957, to her native village, where she was welcomed by her brother and the entire village. Since then she has spent her life in Nikiley, the last village where she settled. She still remembers Ukrainian songs and likes to sing them.